Escapade hors du commun à Paris. [Sujet interrompu]

[Hypnos de Tolbiac]

-HAH! rugit un homme qui se ruait hors d'une ruelle étroite.

Le bonhomme s'interrompit deux secondes, le temps de jeter un regard dans la ruelle, puis reprit sa course de plus belle. Virant à droite, il fit le tour du quartier des Halles, renversa littéralement deux jeunes à l'entrée d'un immeuble : il n'avait pas le temps!
Les yeux sombres du trentenaire parcoururent frénétiquement les environs tandis qu'il empruntait un couloir, puis un autre, parcourait un escalier... et terminait enfin sa course dans un bar aux allures de club privé, peuplé de badauds aux vêtements opulents et à l'air peu engageant.
Le souffle court, Karl Johanson referma la porte derrière-lui avant de refaire face à la salle, éclairée par quelques loupiotes accrochées de part et d'autres des murs et du plafond. Ses cheveux blonds et bouclés étaient décoiffés, son regard aux nuances de gris sombre hagard, entre la fatigue et la panique.... et ce n'était pas sa barbe naissante ou les petites griffures qui maculaient son visage aux arrêtes prononcées qui arrangeaient le tableau.
Soufflant, il essaya de se donner contenance... et se mit à crier, s'avançant dans le bar.

-LES GARS, SI VOUS ÊTES VRAIMENT DE MON BORD, C'EST L'OCCASION DE LE PROUVER! ON ME POURSUIT... ET LE FIEFFE CONNARD QUI VEUT MA PEAU EST VENU JUSQU'ICI!

Il montra d'un geste rapide l'état déplorable de son costume, anciennement un ensemble queue de pie de haute couture tout neuf.... anciennement. Maintenant, c'était un ensemble taché de traces sanguinolentes et boueuses, déchiré par endroits.
Soudain, dans son dos, un craquement identique à celui d'un pas sur du parquet retentit. Sans réfléchir plus longtemps, il se jeta littéralement vers le comptoir en criant "AUX ARMES!", empoigna un fusil de bonne taille. A coté de lui, les hommes avaient renversé des tables et canapés, avaient dégainés leurs armes à feu. Tous s'étaient positionnés en embuscade, prêts à réceptionner comme il se devait l'individu inopportun. Certains étaient décontractés, d'autres encore étaient tendus à l'extrême... l'un d'eux alluma même une clope, délaissant son colt Raging Bull. sur la table à coté de lui.
C'est alors que les lumières de la pièce vacillèrent avant de s'éteindre dans un crépitement sonore, plongeant tout ce petit monde dans une semi-pénombre.

-Hey! C'est quoi c'bordel?! tonna un homme dont le verre de whisky tomba par terre, se répandant en débris de verres... et en poussière de sable?

Un tableau proche se décrocha soudain du mur, une table encore intacte fut violemment renversée. Des choppes furent fracassées sur les murs, et plusieurs bandits perdirent leur couvre-chef. Une paranoïa aiguë s'empara de la plupart d'entre eux, face à ce vent fantomatique qui avait surgi de nulle part et commençait à faire des ravages sur les lieux, délaissant partout où il passait des grains de sable.
Leur formation initiale n'avait plus du tout l'air efficace, dans cette situation... et ça ne leur plaisait pas! Soudain le visage de l'un des hommes présents se décomposa, tandis qu'il lachait d'une voix étranglée :

-Karl, espèce d'enfoiré! Ne me dis pas que tu nous as ramené le Marchand de sables!

Des cris de protestation et de surprise se firent entendre lors de l'apprentissage de cette nouvelle. Les plus expérimentés ramenèrent immédiatement leur attention sur la porte en bois, tandis que d'autres jetaient des regards courroucés et haineux au blond. Ce dernier ne répondit pas, écarquilla simplement les yeux de plus belle... il n'était pas en état de mentir à qui que ce fut.
Soudain, la poignée de la porte tourna, le battant s'ouvrit lentement...

-FEU!

Alors des détonations furieuses retentirent, libérant des balles meurtrières qui traversèrent le bois peu épais de la porte comme du beurre. Des copeaux de bois éclatèrent, et la porte claqua violemment avant de s'effondrer sous la salve de projectiles métalliques qui fusaient encore vers l'encadrement de la porte.
Lorsque les premiers chargeurs furent vidés, les bandits cessèrent le feu. Les douilles résonnèrent contre le sol tandis qu'ils rechargeaient, dans l'attente de toute éventualité. Une silhouette se tenait dans l'encadrement de la porte, indiscernable à cause des volutes de fumée mêlée de poussière boisée qui s'élevaient en nuages pressés par une brise improbable. Il suffit d'ajouter à cela l'ambiance cendrée et obscure qui régnait sur le bar, et la silhouette d'abord informe devint rapidement une espèce de spectre sombre et fantomatique, sans même une forme humaine. Si la fumée s'était dissipée assez tôt, on aurait pu se rendre compte du nombre de balles qui avaient creusé et transpercé le corps de la chose... mais elle ne fut visiblement pas décidée à patienter inutilement.
Le spectre explosa soudain dans des frottements de sable stridents, se répandit dans la pièce tel un ouragan du désert.
Karl hurla sans complexe sa terreur lorsqu'il vit un essaim de grains de sables s'emparer d'un de ses comparses, le malmener à travers la pièce dans des éclaboussures ensanglantées... et eut le souffle coupé lorsqu'il reçut l'œil de verre du joueur de cartes qui s'était paré fièrement d'un Gatling quelques secondes plutôt, et qui s'était fait tout aussi fièrement emporter dans un nuage de sable.

-C'est un cauchemar.... C'EST UN CAUCHEMAR! s'écria le blondinet, alors qu'une lame de sable creusait sans prévenir un sillon dans l'une de ses joues, fondait sur un bougre encore conscient.

Au bout d'une vingtaine de secondes, un calme sinistre revint sur les lieux, seulement troublé par le bruit des grains de sables qui glissaient de part et d'autre des corps inconscients des voyous. Les meubles étaient balafrés, les lampes et bouteilles brisées... c'était comme si un siècle d'intempéries et de sécheresses s'étaient abattus sur le salon.
Le son d'une botte en cuir noir crissant sur le sol vint alors troubler le calme environnant. Une silhouette sombre et élancée s'avança dans la pénombre, à quelques mètres de Karl. L'excès d'adrénaline et la panique avaient tétanisé l'homme, qui était adossé contre un mur, impuissant. Lorsque la silhouette fut assez proche de lui, il reconnut instantanément l'individu. Ce long manteau noir à capuchon, ces gants en cuir noir... ces étranges bâtons faiblement lumineux passés dans son dos, et cette chevelure blanche et noire qui encadrait un visage dissimulé par un col-cache nez... Karl Johanson avait en face de lui ce fameux "Marchand de sables".
Quelques secondes s'écoulèrent tandis que le blond sondait le visage de l'homme qui lui faisait face, tentant désespérément d'apercevoir ses yeux. L'autre, impassible, le contemplait avec la même intensité qu'un prédateur qui vient de débusquer un lapin. Le calme revint lentement chez Karl, qui comprit qu'il était foutu.

Cinq minutes plus tard, Hypnos émergea d'une trappe creusée dans la toiture de l'immeuble. Assurant sa prise sur les tuiles rougies à la lumière du soleil, il s'accroupit un moment, huma l'air frais... et tendit le bras, pinçant un mouchoir en dentelle ensanglantée, sur laquelle étaient brodées les lettres "J.K." Il demeura ainsi jusqu'à ce qu'une bourrasque puissante lui soit parvenue, et libéra le mouchoir, qui s'échappa dans le ciel avec la légèreté d'une plume.

-...

Le jeune homme finit par se lever avec agilité, et se laissa glisser de là où il s'était assis auparavant, disparaissant dans la nature.
Lorsque la police viendrait inspecter les lieux, ce qui se produirait probablement d'ici quelques minutes à cause des coups de feu, elle aurait le plaisir d'admirer le corps en charpie de Karl Johnson, et d'arrêter ou de conduire à l'hôpital ses roublards de collègues. Et ils n'auraient pour trace qu'une seule chose : un malheureux petit tas de sable pas plus gros qu'une boite d'allumette, disposé au centre d'une table.

[Tyki Mikk]

-Dites donc... vous êtes obligés de me coller au mètre près pour me suivre? Laissez-moi respirer un peu, bon sang!

Tyki esquiva un croche-pattes (involontaire?) de Jasdero, qui prenait un malin plaisir à lui trainer dans les pattes depuis au moins un kilomètre maintenant. Le jeune noé regarda le blondinet d'un air affligé. "Décidément... il ne changera jamais!" pensa-t-il vaguement avant de rire intérieurement. C'est alors que son attention se reporta sur un toit de tuiles sombres, à quelques centaines de mètres devant eux. Une fumée noire s'élevait paresseusement de l'une des cheminées; l'autre était occupée par une cigogne.

-Nous sommes arrivés! Ouvrez les yeux à partir de maintenant...

Le dandy ralentit lorsqu'il atteint le bord de l'immeuble sur lequel les Jasdavid et lui couraient, s'arrêta avec élégance et délicatesse sur une poutre qui s'élançait telle une planche à pirates vers le vide. Une brise assez forte soufflait depuis quelques minutes, et le jeune homme dut tenir son chapeau entre deux doigts pour ne pas le laisser s'envoler. Il scruta les alentours, un sourire malsain sur les lèvres... mais afficha bientôt une mine à la fois surprise, à la fois de suspicion. Faisant un signe aux Jasdavid, il leur intima de s'arrêter.

-Quelque chose ne va pas... il y a un problème.

Sans crier gare, le noé se laissa tomber littéralement à travers la poutre, fit une chute de plusieurs dizaines de mètres avant de plonger dans un sol de béton sans un bruit, sans laisser de traces.

[Les Jasdavid]

-Quelque chose ne va pas... il y a un problème. Avait soufflé le bellâtre à l'adresse des Jasdavid qui, pour une fois, ne montrèrent pas de signe de protestation

Ils l'avaient suivi dans sa course folle sur les toits parisiens, on aurait presque dit qu'ils volaient tout en faisant de grandes enjambées par-dessus les pas du Noé au chapeau.

- Qu'est-ce qui t'arrive, pourquoi tu t'arr... ? Commença David avant de voir que Tyki ne lui répondit pas mais se laissa allègrement tomber plusieurs mètres plus bas.

- Hey ! Objecta Jasdero incrédule face à l'action soudaine de leur compagnon.

- On ne va pas rester là bêtement... Suivons-le, on n'a pas de temps à perdre. Lança David au blond.

La grande folle (Ou encore le blond comme il l'a été dit plus tôt ^^) acquiesca avec ce sourire malsain caractéristique de nos méchants favoris puis sauta dans le vide à son tour, bientôt suivi par le brun.

Avant d'atteindre le sol bétonné, les Jasdavid dégainèrent avec rapidité leurs pistolets pour faire sauter ledit sol avec fracas. Allergiques, faites gaffe à la poussière.

- Hu !

[Tyki Mikk]

Tyki stoppa net sa course au bruit de l'explosion que les deux tarés venaient de faire. Maintenant son haut de forme du bout de l'index et du pouce, il épousseta la poussière de son costume tranquillement, pivota pour considérer Jasdero et David du regard...

-Dites-moi... faites-vous exprès?

Le Noah du plaisir afficha une mine blasée -un de ces airs qui lui valaient souvent les railleries de Road : "Notre cher Tyki est lent à la détente!"-, son regard oscillant tour à tour entre l'émo et le travelo. Il haussa des épaules en poursuivant :

-Pourquoi passer par les sous-sols du quartier, si vous annoncez à la cible notre arrivée par une belle explosion? Autant entrer dans le manoir par la grande porte!

Soupirant, il reprit contenance, pivota et s'enfonça dans le dédale de couloirs sombres qui s'ouvrait devant le trio. La question n'était plus de pénétrer dans son domicile discrètement, à présent. Non... la question était plutôt : était-il chez lui en l'instant?
Après plusieurs minutes de marche rapide, Tyki brandit sa canne, tapota les dalles d'un mur humide. "Poc. Poc. Poc. Poc. *poum*"

-Aaah! fit le brun avec un sourire de satisfaction.

Passant la main à travers la dalle qui venait de sonner creux, le Noah tira sur un anneau de métal, le relâcha. Bientôt, un grondement sourd suivit son geste, puis les briques s'écartèrent pour s'ouvrir sur un escalier de marbre noir. "Eh bien... au moins ce "Marchand de sables" a un certain goût en matière de déco!" songea-t-il, un air amusé sur le visage.
Pointant sa canne vers l'escalier, il lança aux Jasdavid :

-Bien, à vous l'honneur! Enfin.. si vous souhaitez toujours me dessiner sur le visage, cela va de soi!

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