"Un lieu reposant..."

[Ava Lev Tekla]

A cette heure ci de la journée, la bibliothèque était vide et le silence qui y régnait était total. C'était un de ces silences majestueux, qui s'impose a vous et force le respect, vous fermant la bouche dès que vous passiez la porte. Celui qui fait paraître les étagères beaucoup plus imposantes que d'habitude, comme des colones de cathédrale, les vitraux en moins bien sûr.
Bref, c'était LE silence.
Celui là même qu'Ava Lev Tekla préférait. Avec lui, elle se sentait transportée dans le pays des songes et y faisait les rêves les plus fous, n'ayant aucun bruits pour la déranger.

Recroquevillée dans un fauteuil dans le coin le plus reculé de la bibliothèque, Ava fermait les yeux, sentant l'odeur des vieux livres et savourant la texture des pages de celui qu'elle avait sous les doigts.
Un livre n'était pas une simple lecture pour elle, c'était une sorte... de nourriture intellectuelle. Comme lorsque son corps réclamait à manger, son esprit lui demandait des livres.
Elle s'imprégnait des mots comme du papier buvard et gardait en mémoire les citations qui la touchait. Et pour la toucher dans son coeur, il n'en fallait pas beaucoup. Mais elle ne montrait rien, jamais, les yeux rivés au sol.

Et tandis qu'elle pensait a tout celà, un bruit vint troubler le Silence. Sursautant, Ava leva la tête pour la rebaisser aussitôt en entendant la porte s'ouvrir.
Quelqu'un entrait.

[Gracie Chevalier]

Gracie marchait dans les couloirs avec ennui, elle ne savait pas trop quoi faire pour s'occuper, et pourtant elle ne manquait pas de travail sur les bras. La française opta donc pour achever le rapport de mission que Komui attendait depuis trois jours, elle obliqua dans le couloir et poussa la porte de la bibliothèque pour y entrer le plus discrètement possible. Un léger grincement propre aux gonds mal graissés accusa néanmoins son arrivée.

Loin dans un coin, une jeune fille seule occupait la grande pièce imprégnée de l'odeur flottante de l'encre, du vélin et du vieux papier. Et surtout, du silence : Gracie adorait le silence des bibliothèques. La seule occupante était pelottonée sur un des fauteuils rembourrés et lisait un livre dont la française ne distinguait pas la couverture, Gracie l'avait vue baisser la tête au moment où elle avait ouvert ; elle avait de courts cheveux noirs et une très longue mèche qui dissimulait ses yeux.
Gracie ne la connaissait pas mais, elle allait y remédier.
Déposant son sac de cuir en bandouillère sur une table de travail proche, la jeune femme s'avança prudemment vers le fond de la salle en fourrageant nerveusement dans ses courts cheveux blonds, réfléchissant à comment aborder la brune.

"Faisons simple..." songea Gracie en tirant légèrement sur sa tunique de laine blanche, triturant la boucle de la ceinture de cuir qu'elle portait autour de sa taille. Déjà, elle se trouvait devant le fauteuil de la jeune femme vêtue de noir de la tête aux pieds, la blondine lui toucha doucement l'épaule pour attirer son attention.

- Bonjour, la salua-t-elle avec un sourire aimable avant de s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil juste à côté, croisant les bras sur ses formes encore timides.

Je m'appelle Gracie Chevalier, et toi ?

[Ava Lev Tekla]

Le bruit des pas sur les dalle venait croissant vers Ava. Celle ci, paniquée, priait pour qu'on ne vienne pas la voir.
Levant les yeux sous sa frange, elle distingua sans peine des jambes de femme, plutôt musclées, mais n'osait relever trop la tête pour voir qui était la femme en question.

Les deux jambes s'arrêtèrent juste devant elle. On n'avait pas entendu sa prière apparemment.
Quelque chose lui toucha l'épaule et Ava sursauta en se tassant, si c'était encore possible.

- Bonjour, fit une voix.

Relevant finalement la tête en prenant bien soin de dissimuler ses yeux, l'exorciste découvrit une jeune femme, très occidentale, avec de beau cheveux blonds et de jolies yeux bleux. Elle était assise sur l'accoudoir de son fauteuil.

- Je m'appelle Gracie Chevalier, et toi ? reprit-elle avec son sourire aimable.

La brune l'observa sans rien dire. Le patronyme de Gracie était français, elle devait donc avoir des origines ou était peut être française. Elle grava se détail dans sa mémoire.
Après quelques minutes de silence, Ava éclaircit un peu sa gorge sèche et se lança :

- Bon...Bonjour, fit-elle avec hésitation.
- Ava Lev Tekla, continua-t-elle d'une voix plus claire, aussi pure que le crystal. Es-tu française ? Ton patronyme-

Elle s'arrêta net, prenant conscience de parler à tord et à travers.
La timidité reprenant le dessus, elle marmonna un vague 'désolée' avant de rebaisser la tête sur le livre qu'elle lisait quelques minutes plus tôt, souhaitant disparaître sous terre.

[Gracie Chevalier]

La brune releva légèrement la tête à l'approche de Gracie, pas assez cependant pour que la française ne distingue ses yeux, son sourire s'accentua.

- Bon... Bonjour, lui répondit la jeune femme avec une petite hésitation. Elle se présenta : Ava Lev Tekla. Elle avait des accents soviétiques qui lui allait bien.

- C'est joli comme prénom, Ava. Tu es russe, c'est bien ça ?

Réfléchissant au meilleur moment d'éviter les blancs dans la conversation, Gracie opta pour parler d'un peu de tout et de rien. Mais elle comptait s'arrêter dès qu'elle verrait un signe d'agacement quelconque sur le visage d'Ava, ou du moins ce qu'elle en voyait.
Ava reprit la parole mais la fin de sa phrase resta en suspens.

- Es-tu française ? Ton patronyme-

Gracie arqua les sourcils, la brune marmonna un vague "Désolée" et se replongea dans son bouquin, se tassant encore dans son fauteuil, si c'était possible.

- Oui, je suis française. Qu'est-ce qu'il a mon patronyme ? demanda-t-elle en se laissant tomber en travers de son fauteuil, repliant les jambes contre sa poitrine, face à Ava.

[Ava Lev Tekla]

- C'est joli comme prénom, Ava. Tu es russe, c'est bien ça ?

En entendant son prénom tronqué, Ava Lev Tekla sursauta et rougit. Elle enfouit son visage dans ses genoux et répondit d'une voix étouffée :

- Oui.

La blonde commença à parler de tout et de rien. Ava était un peu triste de ça, cela brisait le silence réconfortant dans lequel elle s'était réfugiée... Mais d'un autre côté, cela lui permettait de satisfaire sa curiosité.

Alors qu'elle commençait sa phrase sans la terminer, la jeune femme vit les sourcils de Gracie se hausser.
"J'ai fait une gaffe" pensa Ava immédiatement, en rivant ses iris gris sur le sol de la bibliothèque.

Elle entendit l'autre se laisser aller sur son fauteuil.

- Oui, je suis française. Qu'est-ce qu'il a mon patronyme ? demanda celle-ci.

Se tassant encore plus, la jeune femme craint de n'avoir blesser l'exorciste. Elle devait lui paraître bien étrange.
Gardant le silence pendant quelques minutes, Ava finit par soupirer.

- Il n'a rien, répondit-elle pensivement en fermant son livre. J'avais juste remarqué que ton nom avait des connotations française, c'est tout.

Elle se tut et observa longuement la femme qui lui faisait face. En effet, il n'y avait pas que le nom qui était français. Tout respirait en elle une grâce et une noblesse qui laissait aisément deviner son appartenance à la bourgeoisie si connue de France.
Mais elle avait autre chose aussi. Quelque chose qu'Ava Lev ne pouvait pas définir. Quelque chose qui permettait à la carapace que s'était forgée la jeune femme de s'ouvrir.
La russe s'autorisa un petit sourire timide.

- C'est bien la première fois que je parle autant avec quelqu'un d'autre...

[Gracie Chevalier]

Ava termina sa phrase en fermant son livre, faisant remarquer les connotations françaises du patronyme de Gracie. Effectivement, de part son physique caractéristique et son nom, son l'occidentalisme de Gracie était frappant. Pourtant, la jeune femme avait tenté de se détacher des moeurs françaises en entrant à la congrégation : couper ses cheveux à la nuque, porter des pantalons, refuser de faire profil bas ni office de plante verte en sociéter, toujours dire le fond de sa pensée.

Ayant été élevée dans l'oisiveté de la bourgeoisie, Gracie espérait simplement que ça ne transparaissait pas en étant désagréable ou agaçante. Peut-être dans sa façon de marcher ?

- C'est bien la première fois que je parle autant avec quelqu'un d'autre, murmura Ava, un léger sourire étirant ses lèvres.

- Tu as souris, se réjouit Gracie en se relevant. Elle marcha vivement jusqu'à la table de travail où elle avait déposé son sac tantôt avant de retourner près d'Ava, elle sortit son rapport inachevé et le posa sur ses cuisses avant prendre un stylo qu'elle fit tourner entre ses longs doigts en réfléchissant.
Lorsqu'elle commença à gratter sur le papier, sans lever la tête vers la russe, elle questionna :

- De quelle couleur ils sont, tes yeux ? Pourquoi est-ce que tu les cache ?

Gracie essayait de ne pas avoir l'air trop inquisitrice, mais Ava l'air être une fille particulièrement timide, et Gracie n'aurait pas été contre une nouvelle amie.

[Ava Lev Tekla]

- Tu as souris.

A cette dernière remarque, le visage d'Ava rayonna. C'était la première fois que quelqu'un remarquait son visage changeant.
Elle vit l'autre exorciste se lever et aller chercher son sac, pour finir ce qui semblait être un rapport de mission. Tout en ecrivant, la française lui demanda :

- De quelle couleur ils sont, tes yeux ? Pourquoi est-ce que tu les cache ?

Cette question bloqua Ava. Même si elle n'avait pas l'air intéressée, la jeune russe ne s'y méprenait pas. C'était une corde sensible qu'elle n'osait plus toucher depuis longtemps.
La jeune femme fixait un point sans qu'elle s'en aperçoive et, sa voix pure s'éleva dans la pièce :

- Mes yeux...Mes yeux sont gris très clair. Et ce sont les seules choses de vraiment frappant chez moi.

Elle laissa son explication en suspens, cherchant la formule exacte pour definir ce qu'elle ressentait lorsqu'on voyait ses orbes.

- J'ai l'impression d'être nue lorsqu'on me regarde dans les yeux. Tout ce que je veux, c'est passer inaperçue. Avec des iris pareils, c'est impossible.

Elle se tut, consciente d'en avoir trop dit, surtout à quelqu'un qu'elle ne connaissait quasiment pas.

[Yuu Kanda]

Décidément, le silence n'était pas fait pour rester, ce jour-là. La preuve en est que, alors que les deux jeunes femmes parlaient, un beau ténébreux entra en trombe, fermant la porte avec une brusquerie non feinte.

Les cheveux en bataille et l'air d'encore plus mauvaise humeur qu'à son habitude (si toutefois c'est possible), Yuu Kanda se laissa tomber sur le premier siège venu.

" Qu'est-ce qu'ils ont dans la tête, ces crétins?! Comme si j'avais besoin d'un nouvel uniforme! " maugréa-t-il dans ses pensées.

Ses réflexions silencieuses ne s'arrêtèrent que lorsqu'il aperçut les deux exorcistes non loin de là. Leurs visages lui disaient vaguement quelque chose, mais il ne chercha pas plus loin : après tout, pourquoi essayer de se souvenir de personnes qui allaient de toute manière mourir?

Non, aucun intérêt...

Spoiler:

[Ava Lev Tekla]

Le claquement sec de la porte de la bibliothèque fit sursauter une énième fois Ava. Tournant la tête en direction de celle ci, elle vit un exorciste au long cheveux noirs s'affaler dans un fauteuil le plus proche en maugréant. Il ne semblait pas avoir remarquer les deux jeunes femmes et avait l'air fortement contrarié. Cette interruptiom inapropriée soulageait la jeune femme, lui permettant de ne plus à avoir à s'expliquer.

Dardant son regard perçant sur le nouveau venu, la russe fut certaine d'avoir déjà vu son visage quelque part.
Puis elle se souvint : Yû Kanda. Rien qu'à l'entente de ce nom, elle avait des sueurs froides.
Elle évitait par dessus tout le japonais, qui était pour elle bruyant, colérique et arrogant. Il lui faisait peur.

Les genoux contre sa poitrine, elle se cala bien au fond de son fauteuil et se mit à observer du coin de l'oeil le kendoka, espèrant qu'il s'en aille bientôt.

[Gracie Chevalier]

-Mes yeux... Mes yeux sont gris très clair. Et ce sont les seules choses de vraiment frappant chez moi.

La russe sembla chercher ses mots.

J'ai l'impression d'être nue lorsqu'on me regarde dans les yeux. Tout ce que je veux, c'est passer inaperçue. Avec des iris pareils, c'est impossible.

- C'est vrai que tu as l'air d'être quelqu'un de très discret, confirma Gracie en hochant la tête. Mais tu ne veux pas essayer ? Regarde-moi. Pas longtemps, essaie juste, reprit-elle gentimment en accrochant son stylo sur le bord de son rapport. Enfin, si tu ne veux pas, c'est pas grave, arrête-moi si je parle trop.

Lorsque le grincements caractéristique des gonds se fit entendre, Gracie leva les yeux un instant, la porte s'ouvrit à nouveau sur un jeune homme que la française avait déjà aperçu à plusieurs reprises. Elle chercha son nom quelques secondes avant de s'en souvenir enfin. Gracie se redressa sur son siège pour que sa frimousse blonde dépasse du dossier.

- Bonjour, Kanda ! lança-t-elle avec un sourire.

[Yuu Kanda]

- Bonjour, Kanda! lança la jeune femme blonde, souriante.

L'interpelé la fixa un instant avant de marmonner un vague " 'jour " puis retourna se perde dans ses pensées.

" Je ne la connais même pas... Ils sont tous plus naïfs et inconscients les uns que les autres. Leur gentillesse et leurs sourires m'écoeurent. Ces façades que certains arborent ne sont que tromperie. " songea l'épéiste. "Et pourtant... ces deux-là sont particulières. Elles sont comme tous les autres, d'un côté, fragiles et éphémères... mais quelque chose n'est pas normal. Normal? Tch... Rien n'est normal, ici. "

Le japonais étendit ses jambes devant lui avant de laisser aller sa tête contre le dossier, ses poings encore serrés.

" La brune... quel est son nom? Voyons... J'ai forcément dû l'entendre, un jour... Aya? Non... Ah, voilà : Ava. Elle est vraiment étrange, cachée derrière tout ces cheveux. Il y a quelque chose en elle qui me rappelle... moi-même. L'autre, la blonde... Gracie, oui, c'est ça. On dirait qu'elle lutte pour changer. Mais changer quoi? Oh et puis, hein!... Elles m'indiffèrent, tout compte fait. Comme les autres exorcistes. L'attention que je suis en train de leur prêter n'est pas nécessaire. Elle est totalement inutile, même. "

Presque mécontent de lui et de cet étrange écart à son caractère, le kendoka se leva et alla attraper dans le tiroir d'un petit meuble de bois de quoi rédiger son rapport de mission, puis s'installa à la table la plus proche, un coude posé sur la table et un rideau de cheveux sombres tombant sur le côté de son visage, le cachant à la vue de la française et de la russe. Chacun de ses pas ou mouvements avec sonné dans la pièce brusquement redevenue silencieuse d'une manière peu agréable.

Kanda regarda un moment le papier, sans vraiment le voir, avant de se décider à rédiger l'ennuyeux texte.
Depuis le temps que Komui l'attendait, il fallait bien s'y mettre...

[Ava Lev Tekla]

- C'est vrai que tu as l'air d'être quelqu'un de très discret, confirma Gracie en hochant la tête. Mais tu ne veux pas essayer ? Regarde-moi. Pas longtemps, essaie juste, reprit-elle gentimment en accrochant son stylo sur le bord de son rapport. Enfin, si tu ne veux pas, c'est pas grave, arrête-moi si je parle trop.

Pétrifiée, Ava ne sut quoi dire. Dans un geste compulsif, elle serra son livre contre elle en rebaissant sa tête le plus possible.
Comment refuser gentillement ? Elle ne voulait pas gacher le peu d' "amitié", si on pouvait appeler le fait de se parler "amitié", qu'elle venait de lier avec la française. Mais montrer ses yeux était une tâche insurmontable pour elle...

La jeune femme secoua la tête de droite à gauche.
-Désolée, murmura-t-elle.

Elle vit Gracie se retourner et saluer Kanda. La russe se raidit, prête a entendre le kendoka les sermoner. Rien ne vint.
Surprise, elle entendit le jeune homme marmonner un "bonjour" a demi mâché et les ignorer.
C'était bien la première fois qu'elle le voyait agir de la sorte, du peu qu'elle en avait vu d'ailleurs.
Il finit par lui aussi se concentrer sur une feuille de papier blanc, sûrement encore un rapport à transmettre à Komui.

[Gracie Chevalier]

Kanda répondit au salut de Gracie du bout des lèvres, sûrement de mauvaise humeur, comme souvent. Mais la française se sentit tout de même contente de voir que le japonais lui avait répondu.

Lorsque la blonde revint à Ava, celle-ci refusa farouchement de la regarder dans les yeux en secouant la tête de droite à gauche, négativement. Gracie haussa les épaules avec nonchalance.

- Ne t'excuse pas, c'est de ma faute, capitula-t-elle en reprenant l'écriture de son rapport. Elle se concentra sérieusement dessus, ignorant Ava et Kanda pendant un petit moment, la pointe de son stylo dansant fébrilement sur la surface de papier. Elle compléta ses écrits et peaufina quelques minutes encore, l'air critique.

Le rapport achevé retomba mollement dans le sac au pied du fauteuil, Gracie se releva péniblement et s'étira avant d'aller arpenter les rayons à la recherche d'un livre intéressant à lire.

- "Histoire de France", lut-elle à mi-voix sur la reliure d'un ouvrage illustré de croquis et d'esquisses. Pourquoi pas ?
Gracie retourna s'asseoir en travers de son fauteuil et ouvrit le livre sur ses cuisses en prenant tout le temps d'apprécier les nombreuses illustrations.

- Tu as déjà lu, ce livre, Ava ?

[Yuu Kanda]

Kanda abandonna son rapport au bout d'un temps, ennuyé. Après tout, Komui avait déjà attendu une semaine, ce ne serait pas quelques jours de plus qui seraient de trop.

Avec un soupir, le kendoka se leva, en quête lui aussi de quelque chose pour s'occuper : tout prétexte était bon pour ne pas retourner dans les couloirs, et ainsi ne pas se faire agresser pour la énième fois.

Il attrapa le premier livre qui vint, sans porter grand intérêt au sujet dont il traitait, comme à son titre, et revint à la place qu'il avait occupé jusque là.

Le volume se révéla être... une histoire à l'eau de rose. Déjà bien irrité auparavant, une veine se mit carrément à pulser sur la tempe du japonais, et il se releva pour jeter le bouquin sur l'étagère où il l'avait trouvé.

" Qui peut bien lire ce genre de navets?! "

Il s'en retourna simplement au fauteuil du début et se laisser -pour la deuxième fois de la journée- tomber dessus.

[Ava Lev Tekla]

Dans son coin, la russe observait les deux autres exorcistes.
Gracie, apparemment vexée de son refus, compulsait son rapport pour Komui, qu'elle finit par terminer au bout de quelque minutes, se corrigeant, raturant.
Elle finit par le laisser tomber dans son sac et se leva pour chercher un livre sur une étagère. "Histoire de France", était le nom du livre que pu apercevoir Ava tandis que la française retournait à sa place.

Commençant à le feuilleter, la française lui posa une question :

- Tu as déjà lu ce livre, Ava ?

Interdite, la jeune femme se demanda quelques instants où l'autre voulait en venir.

- Oui, répondit-elle simplement, sa voix claire résonnant dans la pièce.

A vrai dire, elle connaissait la plupart des ouvrages entreposés dans cette imense pièce vu qu'elle passait la moitié de son temps tassée dans son fauteuil.
Tout a coups, elle saisit le livre qu'elle avait abandonner, et le posa sur l'accoudoir de l'autre exorciste. "L'Archonte".

- Et toi, as-tu lu celui ci ? lui demanda-t-elle gentillement.

Du coin de l'oeil, elle vit Kanda se lever et attraper un livre pour le reposer aussitôt. Vu la couverture, celà devait être "Rencontres à Paris", une romance à deux sous qu'Ava n'avait même pas dédaigner lire au vu du titre.
Finalement, le kendoka - qui se relaissa tomber sur son fauteuil dans un 'pouf' sonore - remontait dans son estime. Après tout, il ne lisait pas de navets...

[Gracie Chevalier]

Ava posa un livre intitulé "L'Archonte" sur l'accoudoir de Gracie, lui demandant si elle l'avait déjà lu. Ce qui n'était pas le cas, la blonde accepta donc de bon coeur et glissa le roman dans son sac où il rejoignit son rapport.

Gracie, même bien à l'aise dans sa lecture historique, commença à ressentir l'envie d'embêter quelqu'un, lorsqu'elle tomba sur l'arbre généalogique de la lignée Chevalier, illustre famille de France, elle fit la grimace et referma l'ouvrage d'un coup sec. La française se garda bien de taquiner Ava qui l'aurait sûrement mal pris et songea au kendoka renfrogné juste derrière.

Des pas précipités, des cris, retentirent dans le couloir. Ils ne firent que passer mais Gracie vit Kanda se raidir imperceptiblement sur son fauteuil, pas loin. "Il a besoin d'une retouche de toute manière ! Ses manches lui arrivent en haut des poignets et il est devenu plus large d'épaules ! Quand il craquera les coutures de sa veste pendant une mission, c'est encore contre moi qu'il va râler ! KANDAAAAA !!" grommela la voix de Johnny à l'extérieur.

Gracie pouffa discrètement en gonflant les joues, elle échangea un regard malicieux avec Ava, comme pour annoncer ses taquineries à venir. Elle se leva et gambada vers le japonais affalé sur son fauteuil pour se planter devant lui, les mains sur les hanches.

- Alors Yun-Yun, tu as peur de te faire tailler un short si tu mets le nez dehors ? lança-t-elle contre toute attente, taquine.

[Yuu Kanda]

Kanda se leva d'un bond, incendiant Gracie du regard, encore plus intimidant que précédemment.

- Ne m'appelle pas " Yun-Yun "! gronda-t-il, une flamme sombre dansant dans ses magnifiques -mais à l'instant glacials- yeux bleus.

Cependant, il ne répondit pas à la question de la jeune femme, se trahissant lui-même.

" Je parie qu'elle meurt d'envie de me faire sortir de la pièce! Qu'elle essaye! " s'énerva le kendoka.

Passablement irrité, il posa une main sur la poignée de Mugen, les jointures des doigts de son autre main blanchies à force de serrer le poing.

Seulement... quelqu'un d'échevelé n'est pas forcément crédible, même en colère...

[Ava Lev Tekla]

Ava Lev vit Gracie prendre le livre et le fourrer dans son sac en souriant. Celle ci se remit à sa lecture de l'histoire de France mais en arrivant sur une page, elle fit la grimace et referma le livre d'un coup sec, réveillant la curiosité de la russe.
"Pourquoi s'était elle arrêtée nette ?"
Attrapant le bouquin, elle ouvrit une page au hasard et tomba directement sur la lignée des Chevalier.
"Gracie : Famille = sujet tabou"
L'information fut éttiqueté et bien rangé dans l'esprit de la jeune femme. Un drôle de point commun entre elle deux tout de même...

Au bout de quelques temps, Gracie lança un regard complice à Ava, qui présagea le pire. La blonde se dirigea vers Kanda comme le craignait la brune, et sans ambage lui demanda :

- Alors Yun-Yun, tu as peur de te faire tailler un short si tu mets le nez dehors ?

Ava Lev Tekla pâlit - si c'était encore possible - sous sa frange. Mais qu'est ce qu'il lui passait par la tête ?
Le kendoka réagit violemment et semblait sur le point de dégainer Mugen... mais avec ses cheveux en bataille et son air renfrogné...
Pour la première fois depuis longtemps, Ava eut une soudaine envie de rire. Elle se retint sans difficulté, s'autorisant tout de même un petit sourire à voir le plus arrogant exorciste - après Cross - de la congrégation malmené par une petit bout de femme.

[Gracie Chevalier]

- Ne m'appelle pas Yun-Yun, gronda férocement Kanda en se levant face à la moquerie de Gracie. La jeune femme rit en voyant le kendoka crisper sa main sur la garde de Mugen, quel susceptible ! Mais la française se trouva légèrement idiote sur le moment, à taquiner un garçon qu'elle ne connaissait pas encore très bien, mais elle n'en laissa rien paraître, le visage toujours rayonnant, elle capitula.

- Ca va, je plaisante ! fit-elle en levant les paumes en signe de paix.

Mais tu devrais laisser Johnny retoucher son uniforme, reprit-elle plus sérieusement en pinçant le tissu de l'uniforme sur l'épaule de jeune homme, arrivant à peine à le décoller de la peau. Il est devenu trop petit.

Gracie se trouva presque maternelle sur le coup, avec ses airs sérieux. Elle rit sous cape.

[Yuu Kanda]

Le kendoka dégagea son épaule d'une mouvement brusque. Pour qui se prenait-elle, cette fille, à lui dire ce qu'il devait faire?!

Cependant, Kanda décida qu'il irait faire tailler son nouvel uniforme... dans quelques semaines.

Avec un soupir las, il retomba dans le fauteuil, appuyant un coude sur l'accoudoir et son menton dessus. À quoi bon continuer de s'énerver après cette blondinette? Ce n'était pas sa faute si Johnny était un emmerdeur de première, surtout avec un mètre-ruban à la main, après tout.

Pourtant, quand il entrevit le sourire de la deuxième exorciste -Ava-, le japonais ne put s'empêcher de se lever -pour la énième fois- et de se planter devant elle, avec un regard inquisiteur.

- Qu'est-ce que tu as? Tu te fiches de moi? grommela l'exorciste, retrouvant sa mauvaise humeur plus qu'habituelle.

[Ava Lev Tekla]

- Qu'est-ce que tu as? Tu te fiches de moi? grommela l'exorciste, retrouvant sa mauvaise humeur plus qu'habituelle.

La remarque du japonais fit l'effet d'une douche froide sur Ava. Son sourire s'évanouit aussitôt et elle garda le silence quelques minutes.
Cependant, le japonais la regardant de haut - toujours autant arrogant et de mauvaise humeur, ce qu'elle supporte rarement - sa colère s'éveilla.

D'un geste aussi brusque que soudain, elle se leva et se posta devant lui, les pieds bien campés au sol.
Un rictus méprisant lui retroussa les lèvres et d'un geste saccadé, elle balaya sa mèche sur son front en plongeant ses iris effrayant - presque blanc - dans ceux, glacials, de l'épéiste.

- Exactement, siffla-t-elle. Je me réjouis que Gracie tourne en ridicule un type aussi arrogant que toi, qui n'ose même pas changer son uniforme.

Elle s'arrêta un instant et reprit son souffle, ses yeux gris lançant des éclairs.

- Pitoyable, finit-elle par gronder.

Tournant les talons, elle se dirigea à grand pas vers la sortie. Mais avant de l'atteindre, elle s'arrêta et se tourna vers Gracie, un air plus aimable sur la figure.

- Désolée Gracie.

Puis elle s'éloigna en remettant sa frange sur ses yeux et en baissant la tête.

Les gonds grinçèrent pour la quatrième fois de la journée et Ava Lev Tekla ferma la porte avec soin.

HS : ça peut paraitre un peu trop, mais on tournait en rond là...

[Yuu Kanda]

Pas loin d'être éberlué par la réaction de cette fille qu'il jugeait calme, Kanda la regarda partir, mais son irritation resta intacte, décuplé même par les répliques acerbes d'Ava. Calme, oui, trop calme... tout ceci cachait certainement un caractère bien étrange et indiscernable à première vue...

La couleur des yeux de la russe était tout bonnement hallucinante par leur clarté quasi-maladive, comme s'ils étaient un peu aveugles; et pourtant on sentait, à croiser ce regard perçant, que ce n'était qu'une impression, tenace mais bête.

- Tu comptes rester là jusqu'à ce que tu t'enracines? cracha presque le japonais à l'adresse de Gracie, sa bouche s'étirant en un rictus moqueur.

[Gracie Chevalier]

Ava avait sourit de la situation, ce qui lui avait valu une remarque acerbe de la part de Kanda. Mais alors que Gracie pensait voir la jeune femme se tasser sur elle-même, la russe se leva en dégageant furieusement sa longue mèche ; ses yeux apparurent, étincelants d'une lueur mauvaise.

- Exactement, siffla-t-elle. Je me réjouis que Gracie tourne en ridicule un type aussi arrogant que toi, qui n'ose même pas changer son uniforme.

Gracie, la concernée, se mordit la lèvre de remord, mais elle ne dit rien, frappée par l'impact du regard opalin de la fille timide et réservée à qui elle parlait bouquins quelques minutes avant le clash.
Les yeux bleus de Gracie suivirent Ava qui cracha un "Pitoyable" avant de tourner un regard adouci vers la française, elle s'excusa platement puis sortit. Gracie resta plantée, partagée entre l'envie de suivre Ava et la conscience que la brune souhaitait désormais rester seule.

- Tu comptes rester là jusqu'à ce que tu t'enracines ? cracha alors Kanda avec un rictus.

- Qu'est-ce que ça peut bien te faire, à toi ? répliqua Gracie avec verve. J'vais pas m'embêter avec toi plus longtemps, j'vais manger. A plus, Yun-Yun.

Jetant son sac sur une épaule, la blonde avança à grands pas vers la porte et poussa le battant sans un regard en arrière.

[Yuu Kanda]

Cette fois-ci, c'en était trop. Deux "Yun-Yun" dans la même heure et par la même personne - qui plus est avertie de l'interdiction... -, c'était vraiment trop.

Le kendoka, en troi pas silencieuses et rapides, était derrière Gracie et lui attrapait le bras, l'obligeant à se retourner... Cependant, Johnny, passant par là, vit Kanda à cause du battant à demi-ouvert.

Le japonais, avisant celui-ci, opta pour une tactique à laquelle il n'aurait jamais songé moins d'une heure auparavant.

D'une légère pression au creux du cou de la française, avant même qu'elle ait pu réagir, le beau ténébreux la fit sombrer dans l'inconscience. Il la chargea alors sur son épaule, sans ménagement, marmonnant un semblant de "Je te l'avais dit", vraisemblablement destiné à faire croire au scientifique que la jeune femme était mal en point et que le brun l'avait prévenu de ne pas bouger pour ne pas aggraver son cas. La scène, presque impensable du fait du - très connu - mauvais caractère de l'épéiste et de son je-m'en-foutisme quant à la santé des autres, parut tout à fait crédible, bizzarement.

Il n'adressa pas un regard ou autre à son "poursuivant" et fit demi-tour, et ce pour aller lâcher la blondinette sur un des fauteuils.

On eut pu croire que Yuu n'allait pas glander patiemment - chose impossible, du moins en théorie - que Miss Chevalier se réveille, prête à lui sauter à la gorgée certainement, eh bien on se trompait. Le glaçon national alla se poster devant une fenêtre, l'air toujours aussi renfrogné - pour changer -.

[Gracie Chevalier]

Gracie ouvrit péniblement les yeux au bout d'un moment. Que c'était-il encore passé ? Elle se sentait engourdie à la base du cou, mais avant d'esquisser le moindre mouvement, la française essaya de se souvenir : Ava et Kanda s'étaient frictionnés, Ava était partie, quelques minutes plus tard, agacée par l'attitude du japonais, Gracie avait prit son sac pour partir à son tour, elle avait poussé la porte... et après ?

Gracie avait été déposée sur un fauteuil, loin de la porte. Avait-elle fait un malaise ? Si oui, combien de temps ?

La française leva la main et toucha son cou engourdi en un point près de la clavicule. Tournant la tête, elle vit Kanda accoudé à une fenêtre, tout commença à se mettre en ordre dans la tête de la française avec un déclic que Gracie aurait juré audible : jusque avant de sombrer, Gracie avait aperçu Johnny marauder devant la bibliothèque. Ses fins sourcils châtains se froncèrent et ses lèvres rosées pincées se réduisirent à une très fine ligne désaprobatrice. Elle se leva brusquement et se campa solidement sur ses jambes dans le dos du japonais.

- Tu me fais tomber dans les pommes pour mieux m'utiliser comme alibi juste PARCE QUE TU AS LA FLEMME D'ALLER TE FAIRE TAILLER UN UNIFORME !! s'écria-t-elle en appuyant fortement sur son argument, le hurlant presque au milieu de la bibliothèque vide.

Dégageant la mèche de cheveux blonds qui lui tombait sur l'oeil d'un geste de main rageur, la jeune femme chauffée à blanc poursuivit sur sa lancée.

- Oh et puis tu m'énerves ! Qu'est-ce que tu fous encore là, d'ailleurs ? Et pourquoi tu ne m'as pas laissée étalée dans l'entrée aussi ? Hein !

Gracie s'arrêta en haletant légèrement, reprenant son souffle pour le prochain round. Le silence retomba dans la vaste salle, comme tombe la poussière sur des manuscrits trois fois millénaires.

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